Add fifth article
This commit is contained in:
parent
92aa33728f
commit
c9f356a6d0
1 changed files with 353 additions and 0 deletions
353
content/billets/05-operation.md
Normal file
353
content/billets/05-operation.md
Normal file
|
@ -0,0 +1,353 @@
|
||||||
|
---
|
||||||
|
title: "Épisode 5 : L'opération tous risques"
|
||||||
|
date: 2018-11-18
|
||||||
|
draft: true
|
||||||
|
description: "CA TOURNE MAL !"
|
||||||
|
tags: ['operation', 'chirurgie', 'hospitalisation', 'chronologie']
|
||||||
|
---
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Libéré, délivré ! (ou pas)](https://youtu.be/HtkGluLhnGU)
|
||||||
|
|
||||||
|
Les rayons, la chimiothérapie, c'est fini ! Pour le petit rappel, après cette
|
||||||
|
première partie de traitement, j'ai l'obligation de me reposer pendant un mois.
|
||||||
|
(une période de cicatrisation nécessaire avant l'opération finale).
|
||||||
|
|
||||||
|
J'en profite pour prendre des vacances et je pars en semaine d'entreprise avant
|
||||||
|
tout pour jouer à Mario Kart sur la Switch avec les collègues (depuis, j'ai
|
||||||
|
pris du level donc méfiance pour l'année prochaine).
|
||||||
|
|
||||||
|
Ce mois passe à une vitesse folle, ne plus aller à l'hôpital tous les jours, c'est
|
||||||
|
presque une bénédiction pour moi. J'ai le temps de faire plein de choses !
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Le billard](https://youtu.be/vqgYPY6HqCI)
|
||||||
|
|
||||||
|
30 jours plus tard, je pars en milieu d'après midi étant donné que je suis opéré
|
||||||
|
assez tôt le lendemain matin. J'arrive, je prends direct une douche à la
|
||||||
|
bétadine et j'enfile la désormais fameuse "blouse-au-cul-apparent".[^1]
|
||||||
|
|
||||||
|
Pour ce dernier repas, le plateau de l'hôpital, non merci ! Je m'autorise un bon
|
||||||
|
plat de sushis (j'adore ça) et j'ai bien raison parce que je n'en remangerai pas
|
||||||
|
de sitôt. Pour la petite anecdote, on a même aspergé les murs de sauce soja à
|
||||||
|
l'ouverture du récipient !
|
||||||
|
|
||||||
|
Bien sur, j'ai le droit à la visite du chirugien au moment où je suis en train
|
||||||
|
d'enfourner un sushi dégoulinant de sauce soja dans ma bouche ! Très sympa, il
|
||||||
|
passe pour me rassurer et en profite pour lancer une petite blagounette (que
|
||||||
|
j'ai oubliée) à propos des sushis.[^2]
|
||||||
|
|
||||||
|
Après ce délicieux repas, je ne tarde pas trop pour m'endormir parce que je
|
||||||
|
sais que la suite va être longue et pas franchement agréable. Je passe une
|
||||||
|
nuit de merde. Je suis réveillé par l'aspirateur, les infirmières et tout
|
||||||
|
un tas de conneries diverses et variées.
|
||||||
|
|
||||||
|
Réveil matinal (6h). Inutile, étant donné que je descends pour le bloc vers 9h.
|
||||||
|
Le brancardier m'installe dans le couloir et devinez quoi ? J'attends. Une
|
||||||
|
infirmière pointe le bout de son nez, et c'est les questions habituelles :
|
||||||
|
|
||||||
|
- Nom ? prénom ? date de naissance ?
|
||||||
|
- A jeun ?
|
||||||
|
- Vous savez pourquoi vous êtes là aujourd'hui ?
|
||||||
|
|
||||||
|
Je n'ai pas envie de discuter de l'opération avec elle, donc je lui dis texto
|
||||||
|
|
||||||
|
Œsophagectomie type Lewis-Santy pour ablation d'un adénocarcinome de l'oesophage
|
||||||
|
|
||||||
|
Etonnée par cette débauche de termes médicaux (suffit d'écouter ce que dit le
|
||||||
|
médecin, c'est pas bien compliqué)
|
||||||
|
|
||||||
|
Ok, très bien
|
||||||
|
|
||||||
|
Après tant d'émotions, un peu d'attente, ça fait jamais de mal.
|
||||||
|
|
||||||
|
Un membre de l'équipe vient me chercher, c'est parti, direction la salle d'op.
|
||||||
|
Elle est immense et ça caille fort. Au milieu, le table d'opération est à côté,
|
||||||
|
le robot chirurgien (d'une taille assez impressionante) qui va me trancher dans
|
||||||
|
tous les sens. On m'installe sur la table, on me rassure et c'est parti pour
|
||||||
|
l'oxygène qui fait tourner la têtête et BIM, l'anesthésiant ! C'est le blackout,
|
||||||
|
ciao la compagnie !
|
||||||
|
|
||||||
|
Le chirurgien va donc m'ouvrir de haut en bas, retirer la tumeur, une partie de
|
||||||
|
l'oesophage et de l'estomac pour ensuite le remonter et créer un nouvel
|
||||||
|
oesophage. Dans l'histoire, je perds malheureusement mon clapet.
|
||||||
|
|
||||||
|
6 ou 7 heures plus tard (moi j'en sais rien, je dormais) l'opération est
|
||||||
|
terminée. A priori, _je dis bien, à priori_ tout c'est bien passé et je suis
|
||||||
|
transféré en service de réanimation avec surveillance hyper rapprochée (pas
|
||||||
|
d'inquiétude, c'est le protocole pour ce genre d'opérations).
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Le réveil](https://www.youtube.com/watch?v=Z1vVL_VpSWs&list=OLAK5uy_lAWkXU4iDKlglFKSkxMsrgvt7OM3kcK6E)
|
||||||
|
|
||||||
|
Avant de parler du réveil, je dois introduire le concept de "l'instant
|
||||||
|
tuyaux", caractérisé par la fonction mathématique suivante :
|
||||||
|
|
||||||
|
it(t) = x
|
||||||
|
|
||||||
|
avec :
|
||||||
|
|
||||||
|
- t = le temps
|
||||||
|
- x = le nombre de tuyaux qui rentrent ou sortent de mon corps
|
||||||
|
|
||||||
|
A mon premier réveil, c'est assez sobre, seulement 6 :
|
||||||
|
|
||||||
|
- PiccLine (vous connaissez)
|
||||||
|
- VVC (cathéter central placée près de la clavicule)
|
||||||
|
- Sonde de jéjunostomie (qui rentre dans l'intestin, utilisé pour me nourrir)
|
||||||
|
- Sonde urinaire (pour pisser)
|
||||||
|
- Sonde nasogastrique (elle passe par le nez jusqu'à l'estomac)
|
||||||
|
- Cathéter artériel (mesure en continu la pression artérielle)
|
||||||
|
|
||||||
|
Premier réveil. Je suis paumé _as fuck_. Je n'ai aucune idée de l'heure ni du
|
||||||
|
jour et j'ai beaucoup de difficulé à bouger mes mains. J'ai l'impression d'avoir
|
||||||
|
des knackis à la place des doigts et je n'arrive même pas à tenir mon téléphone
|
||||||
|
dans les mains ou taper le moindre message. Ah et aussi, de la douleur, beaucoup
|
||||||
|
de douleur. Je sens que ça va être compliqué.
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Les complications](https://www.youtube.com/watch?v=a_fv5deHQIo)
|
||||||
|
|
||||||
|
Pour commencer, une _hernie diaphragmatique_ qui s'explique simplement :
|
||||||
|
un organe de l'abdomen remonte dans le ventre. J'ai pas un souvenir très
|
||||||
|
précis de cet épisode parce que j'étais globalement sur une autre planète mais
|
||||||
|
mes proches m'ont affirmé que c'était extrêmement douloureux. De plus,
|
||||||
|
l'équipe médicale n'a pas vraiment réagi immédiatement en pensant que les
|
||||||
|
douleurs étaient liées à la toute fraiche opération. Bon après plusieurs
|
||||||
|
heures de douleur et malgré des doses de morphine très élévées, je repars au
|
||||||
|
bloc pour une gastroscopie.
|
||||||
|
|
||||||
|
Anesthésie générale, on passe le tutube par la boubouche, on fait redescendre ce
|
||||||
|
qui voulait remonter, on vérifie que tout est bien en place et on remonte pour
|
||||||
|
voir l'état de la cicatrice ET BIM, _fistule interne_ !
|
||||||
|
|
||||||
|
La fistule, c'est comme un branchement de chiotte sans joint, ça fuite. Et la
|
||||||
|
petite fuifuite elle laisse passer tout un tas de saloperie comme les sucs et la
|
||||||
|
salive sur les organes internes. Et croyez-moi, les poumons ils aiment _pas du
|
||||||
|
tout_ les sucs. Aspergés de la sorte par un liquide acide et non stérile je
|
||||||
|
gagne une nouvelle complication : _une infection_. Le corps s'emballe pour
|
||||||
|
traiter l'infection est je suis bon pour un _épanchement pleural_
|
||||||
|
(accumulation anormale de liquide entre le poumon et les paroies du thorax).
|
||||||
|
TRIPLE ALERTE ROUGE ! Il faut d'un côté boucher la fistule et de l'autre
|
||||||
|
extraire le liquide des poumons tout en combattant l'infection.
|
||||||
|
|
||||||
|
Bon pour l'infection c'est assez simple, c'est antiobiotiques large spectre à
|
||||||
|
haute dose pendant plusieurs semaines. Au niveau de la fistule, je repasse au bloc
|
||||||
|
(oui oui) pour qu'on me pose une prothèse oesophagienne qui va permettre de
|
||||||
|
recoller le tout et le corps s'occupera de faire un joint correct par lui-même.
|
||||||
|
Et pour les poumons, c'est le pire : les drains.
|
||||||
|
|
||||||
|
Et la, la fonction it(t) que j'ai défini tout à l'heure va atteindre des
|
||||||
|
sommets. Au total j'ai pu avoir en parrallèle jusqu'a 6 drains (et oui, ça fait
|
||||||
|
12 tuyaux au total) dans les côtes et dans le ventre. Niveau confort pour dormir
|
||||||
|
c'est vraiment pas le top.
|
||||||
|
|
||||||
|
Alors moi je raconte tout ça mais il faut savoir que pendant 90% du temps
|
||||||
|
j'étais en réalité sous sédation. L'équipe médicale décide qu'au vu des
|
||||||
|
douleurs extrèmes c'était la meilleure solution.
|
||||||
|
|
||||||
|
Au passage mon état c'est pas mal dégradé vu que les poumons ont pris super cher
|
||||||
|
avec l'épanchement, du coup intubation et appareil respiratoire pour me
|
||||||
|
maintenir en vie (encore une fois, moi j'étais endormi donc je n'ai aucun
|
||||||
|
souvenir mais ça rajoute un tuyau, on passe donc à 13 !).
|
||||||
|
|
||||||
|
Les quelques tentatives de réveil se sont révélées chaotiques et mon premier
|
||||||
|
réflexe c'était d'arracher tout le merdier qui m'entourait. Au premier réveil,
|
||||||
|
je décide de m'auto-désintubé et l'équipe médicale n'aime pas du tout ça.
|
||||||
|
Pour éviter les accidents, la suite c'est déroulé pieds et poings liés.
|
||||||
|
|
||||||
|
Pour le réveil final tout est organisé et tout se passe dans le calme. Je suis
|
||||||
|
accompagné par la personne qui compte le plus pour moi et le tube est retiré
|
||||||
|
avant mon réveil, histoire d'éviter un choc émotionel.
|
||||||
|
|
||||||
|
Après tout ce merdier, voila, maintenant je suis définitivement réveillé. Je
|
||||||
|
ne sens pas grand chose et je plane beaucoup. La pompe à morphine donne tout
|
||||||
|
ce qu'elle peut et je me tape des hallucinations venues d'un autre monde. Je
|
||||||
|
cauchemarde beaucoup, je dors très mal et je suis stressé par tout ce qui
|
||||||
|
m'entoure. La descente de morphine c'est tellement abracadabrantesque que je
|
||||||
|
pense y dédier un épisode bonus complet (je promets de grand moments de
|
||||||
|
franche rigolade).
|
||||||
|
|
||||||
|
Le détail que j'ai pas encore évoqué c'est que je viens de me faire opérer de
|
||||||
|
l'oesophage, j'ai donc une interdiction formelle de boire et de manger.
|
||||||
|
L'opération c'était le 3 juillet, complications et sédation plus tard, on est mi
|
||||||
|
juillet, il fait super chaud, il n'y a pas de climatisation _ET JE NE PEUX PAS
|
||||||
|
BOIRE_. La seule chose que je peux faire c'est me faire brumiser la gueule et la
|
||||||
|
bouche ce que je demande constamment via le mot suivant (avec l'intubation j'ai
|
||||||
|
la voix complétement pété et je n'arrive pas à articuler correctement)
|
||||||
|
|
||||||
|
BRUMI, BRUMIIIII (avec une voix faiblarde qui fait vraiment pitié)
|
||||||
|
|
||||||
|
Avec du recul, je pense que je n'ai jamais eu autant soif de toute ma vie. Mon
|
||||||
|
rêve à ce moment c'était une pièce remplie de pack d'eau du sol au plafond
|
||||||
|
(véridique).[^3]
|
||||||
|
|
||||||
|
Petit à petit je me sors du trou, je reprends des forces. En plus, l'équipe
|
||||||
|
médicale de réa est vraiment exceptionnelle et je suis aux petits soins h24. Je
|
||||||
|
vois et je sens que mon état et mon jeune âge ne laisse pas indiférentes la
|
||||||
|
majorité des infirmières qui m'associe régulièrement à leur fils ou fille
|
||||||
|
probalement dans la même tranche d'âge que moi. J'en profite pour remercier
|
||||||
|
toutes les personnes extraordinaires qui se sont occupées de moi pendant tout ce
|
||||||
|
temps (je n'ai pas oublié cette promesse de curling ;)). L'ambiance de la réa
|
||||||
|
est vraiment différente d'un service classique, les cas à gérer sont graves et
|
||||||
|
stressants mais le personnel est relativement décontracté, souriant et attentif
|
||||||
|
aux besoins du patient mais aussi des proches qui malgré eux, traversent aussi
|
||||||
|
un moment difficile.
|
||||||
|
|
||||||
|
Mon état bien que précaire, s'améliore petit à petit. Les drains disparaissent
|
||||||
|
les uns après les autres, j'enchaîne les séances de kiné pour réapprendre à
|
||||||
|
respirer et à me bouger. Ca fait pratiquement un mois que je ne me suis pas levé
|
||||||
|
et que je n'ai pas marché. Après quelques tentatives ratées avec le kiné,
|
||||||
|
j'arrive enfin à me lever et à faire un tour minuscule dans le service à l'aide
|
||||||
|
d'un déambulateur. Etant branché en permanance à tout un tas de trucs, aller
|
||||||
|
marcher dans le couloir c'est digne d'une expédition Lara Croftienne.
|
||||||
|
|
||||||
|
Avec le temps, ça cicatrise au niveaau de l'oesophage. On me retire la sonde
|
||||||
|
naso-gastrique et j'obtiens (en faisant le forcing) le droit de boire 400ml
|
||||||
|
d'eau par jour ! C'est la _DELIVRANCE_. Je déguste ma première gorgée de
|
||||||
|
_Volvic_ (je ne suis pas auvergnat pour rien) comme un enfant qui découvre le
|
||||||
|
chocolat.
|
||||||
|
|
||||||
|
Pour terminer mon séjour en réa, j'ai le droit à une équipe au top ! J'ai un
|
||||||
|
traitement de faveur et j'ai le droit à une _VRAI DOUCHE_ ! Et après ça, j'ai
|
||||||
|
le droit à une sortie en fauteil à l'extérieur du service (très rare) et même à
|
||||||
|
l'extérieur de l'hôpital ! Première fois que je prends l'air extérieur depuis un
|
||||||
|
mois ! Pour moi c'est proche du paradis ! Le même jour, au vu de mon état, on me
|
||||||
|
transfère de le service juste à côté : la surveillance continue.
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Surveillance rapprochée](https://www.youtube.com/watch?v=PPNRplQnFX0)
|
||||||
|
|
||||||
|
L'USC (Unité de Surveillance Continue), c'est comme la réa mais en plus cool.
|
||||||
|
C'est une période de transition entre la réanimation et les services classiques.
|
||||||
|
Il y a très peu de patients et les équipes sont globalement ultra disponbles. La
|
||||||
|
aussi je suis bien chouchouté et je sympathise même avec certains infirmiers et
|
||||||
|
infirmières adorables. Pour la première fois en un mois, le chirurgien
|
||||||
|
m'autorise la reprise la nourriture. Au début c'est yaout et compote. Après un
|
||||||
|
mois de jeune, la compote "made in France", 100% pomme de l'hopital c'est un
|
||||||
|
délice, une explosion de saveurs dans la bouche. Même les plateaux repas servis
|
||||||
|
les jours suivant c'est du niveau d'un restaurant gourmet pour moi.
|
||||||
|
|
||||||
|
Les journées s'enchainent et grâce aux repas elles gagnent en consistance. Mine
|
||||||
|
de rien une journée à l'hôpital sans repas, c'est hyper vide. La journée n'a ni
|
||||||
|
queue ni tête, c'est une longue suite d'heures qui passe sans grand intêret en
|
||||||
|
dehors des visites. Je regagne peu à peu l'usage de mes mains et je peux à
|
||||||
|
nouveau utiliser convenablement mon téléphone pour discuter. Je récupère
|
||||||
|
également un ordinateur et je peux au choix regarder une série ou coder (ma
|
||||||
|
convalescence à fait de moi un expert en rust, ou pas) pour passer le temps.
|
||||||
|
|
||||||
|
Je suis de moins en moins branché, on me retire mes derniers drains et une
|
||||||
|
petite semaine après mon arrivée je remonte d'un étage pour le service de
|
||||||
|
chirurgie viscérale.
|
||||||
|
|
||||||
|
En remontant d'un étage, je gagne en liberté. Je passe la majeure partie de mon
|
||||||
|
temps totalement débranché et libre de mes mouvements dans le service et dans
|
||||||
|
l'hôpital (je suis branché la nuit pour la nutrition via la sonde de
|
||||||
|
jéjunostomie). J'en profite pour marcher, monter et descendre les escaliers ou
|
||||||
|
encore me promener à la bibliothèque des patients. Etant complétement redescendu
|
||||||
|
de mon trip sous morphine, les journées sont longues et chiantes. Globalement il
|
||||||
|
ne se passe rien et je n'ai plus de soins particuliers, bref, je me fais chier.
|
||||||
|
|
||||||
|
Une quinzaine de jours plus tard, mon chirurgien estime que je suis assez en
|
||||||
|
forme pour rentrer à la maison. Après un mois et demi à l'hôpital, rentrer à la
|
||||||
|
maison est un rêve qui se réalise enfin ! Je pense que je n'ai pas de mot assez
|
||||||
|
puissant pour décrire le sentiment de retrouver son chez soi après une absence
|
||||||
|
aussi longue et difficile.
|
||||||
|
|
||||||
|
# [De l'importance des visites](https://www.youtube.com/watch?v=xK44AvrKOhA)
|
||||||
|
|
||||||
|
Je ne savais pas trop comment l'évoquer au fil du récit mais dans ma situation
|
||||||
|
les visites de mes proches ont été une véritable bouffée d'oxygène et une
|
||||||
|
motivation surpuissante pour me sortir de cette merde. J'ose pas imaginer
|
||||||
|
l'empreinte carbone des visites tellement elles ont été variées et nombreuses.
|
||||||
|
Quand tu te retrouves privé de toutes les choses du quotidien, voir les
|
||||||
|
personnes que tu aimes te procure un sentiment de joie simple, basique. C'est
|
||||||
|
vraiment incroyable de se rendre compte qu'être heureux c'est si facile. Ces
|
||||||
|
événements ont clairements changé ma vie et ma façon de voir et sentir les
|
||||||
|
choses. Pour résumé, je me suis simplexifié. Je sais que pour beaucoup d'entre
|
||||||
|
vous la période sous sédation et l'accumulation des complications n'a pas été
|
||||||
|
facile à gérer émotionnellement. Je n'ose pas imaginer la difficulté de voir une
|
||||||
|
personne qu'on aime dans un état pareil, inconscient, transpercé par une dizaine
|
||||||
|
de tuyaux et intubé jusqu'au plus profond du gosier. Je profite de ce billet
|
||||||
|
pour remercier très chaudement toutes les personnes, les proches, la famille,
|
||||||
|
les amis, les amies qui m'ont suivi de près dans cette aventure hasardeuse et
|
||||||
|
pleine de rebondissements en le résumant simplement : je vous aime.
|
||||||
|
|
||||||
|
_PS : merci aussi pour toutes les photos qui ont décoré mes chambres et m'ont
|
||||||
|
suivis dans tous les services ! J'ai eu le droit a plein de questions de la part
|
||||||
|
des infirmiers et infirmières. Tout le monde confirme que mes chiens et mes chats
|
||||||
|
sont les plus beaux, mais moi je le savais déjà, hein._
|
||||||
|
|
||||||
|
# [La petite frayeur](https://www.youtube.com/watch?v=7laptOuaSDk)
|
||||||
|
|
||||||
|
Ah, la maison, enfin de retour dans ma petite campagne. Très heureux de
|
||||||
|
retrouver tout le monde ! Tout ça commence plutôt bien, sauf que, sauf que dès
|
||||||
|
le premier soir, je suis pris de douleurs extrèmes au ventre. Malgré les anti-
|
||||||
|
douleurs ça persiste, j'ai comme l'impression que l'hernie diaphragmatique est
|
||||||
|
de retour. Dans le doute, un coup de bigot au 15 qui envoie une ambulance :
|
||||||
|
direction les urgences.
|
||||||
|
|
||||||
|
J'arrive donc au début de la nuit aux urgences, et pour la 4209109210921029ème
|
||||||
|
fois je raconte mon histoire. Moi et les urgences ça se résume très rapidement à
|
||||||
|
chaque fois : de l'attente. Et cette fois-ci j'ai été copieusement servi. J'ai
|
||||||
|
attendu 3h dans le couloir puis 6h dans une salle de soin, sur un brancard au
|
||||||
|
confort discutable. La douleur s'estompe dans la nuit et vers 6h du matin, un
|
||||||
|
médecin me rend une petite visite, pas d'examen, une micro palpation du ventre,
|
||||||
|
rien de grave me dit-il et il se casse. 8h d'attente pour ça, youpi. Quelques
|
||||||
|
heures plus tard je passe en salle de tranfert ou plutôt, la salle de l'enfer.
|
||||||
|
|
||||||
|
Il est 8 ou 9h du matin, on est 15 patients à être entassés les uns à côtés des
|
||||||
|
autres dans la salle, aucune séparation entre nous, aucune intimité. A côté de
|
||||||
|
moi j'ai la mamie qui raconte sa vie au téléphone pendant 2h, en face j'ai un
|
||||||
|
stressé au possible qui est à deux doigts de suffoquer à chaque seconde.
|
||||||
|
L'ambiance dans la salle est hyper lourde, le personnel est stressé et
|
||||||
|
surchargé, il n'y plus de place nulle part et l'organisation laisse à désirer.
|
||||||
|
|
||||||
|
Les 5h que je passe dans cette salle sont interminables. Le chirurgien passe me
|
||||||
|
voir en milieu d'après midi (on est samedi), je suis déplacé dans le débarras
|
||||||
|
(qui sert d'isoloir temporaire pour chier, se changer et se faire osculter)
|
||||||
|
pour une consultation express et une palpation du ventre. Finalement, les
|
||||||
|
nouvelles sont bonnes, ce n'est pas une hernie et tout est bien en place. Je
|
||||||
|
suis finalement transporté dans le service de chirurgie vasculaire (là ou il y a
|
||||||
|
de la place en fait) pour passer tranquillement la nuit en observation.
|
||||||
|
|
||||||
|
Etant donné qu'il ne ne se passe rien de particulier cette nuit la, je suis
|
||||||
|
autorisé et prié de quitter les lieux le plus rapidement possible. Ca tombe bien
|
||||||
|
je n'ai de toute façon pas envie de rester. Je veux rentrer chez moi.
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Des bonnes nouvelles, mais pas que](https://www.youtube.com/watch?v=BNAqGrVrcMw)
|
||||||
|
|
||||||
|
Le retour à la maison me fait le plus grand bien. J'en ai ras la casquette de
|
||||||
|
l'hôpital. Petit à petit, je retrouve la force de bouger, manger et profiter de
|
||||||
|
la vie. La réalité me rattrape assez rapidement et je dois retourner à l'hôpital
|
||||||
|
pour une consultation avec mon gastro-entérologue. Comme d'habitude il est en
|
||||||
|
retard (tellement en retard que je me suis même demandé si je m'étais pas trompé
|
||||||
|
de jour). La première partie de la consultation est centrée sur l'opération, la
|
||||||
|
réa et les complications. Pour la seconde partie, c'est l'analyse de la partie
|
||||||
|
du foie retirée lors de l'opération : c'était une métastase. Gros coup
|
||||||
|
de poing dans la gueule, même si je m'en doutais. Il m'annonce également qu'il
|
||||||
|
a contacté des collègues à lui pour discuter de mon cas et que les avis sont
|
||||||
|
unanimes : j'ai le droit à une nouvelle cure de chimiothérapie. Paf, après le
|
||||||
|
coup de poing, le coup de masse. Il évoque rapidement le protocole, ça sera sur 3
|
||||||
|
mois, avec une hospitalisation de jour et une cure tous les 15 jours, du lourd,
|
||||||
|
en somme.
|
||||||
|
|
||||||
|
# [Au Zander, on voit de tout](https://www.youtube.com/watch?v=DmbPhPIiUU8)
|
||||||
|
|
||||||
|
Bon, bon, je viens de plomber l'ambiance donc je vais quand même faire un effort
|
||||||
|
pour remonter le moral des troupes. Via mon médecin traitant, j'ai eu la chance
|
||||||
|
d'être accepté au centre de rééducation Gustav Zander à Aix-Les-Bains.
|
||||||
|
Je suis donc parti un mois près du lac du Bourget pour me remettre en forme. Les
|
||||||
|
journées étaient rythmées par de la rééducation, des scéances de kinésithérapie,
|
||||||
|
de la lecture (merci Douglas Adams et Terry Pratchet) et du repos. J'ai
|
||||||
|
rencontré énormément de gens incroyablement gentils et dans des situations
|
||||||
|
parfois tragiques mais avec une volonté et une force de s'en sortir admirables.
|
||||||
|
Ce mois au centre a été très bénéfique. J'ai pu me reposer, me remuscler,
|
||||||
|
reprendre confiance en moi, relativiser ma situation. Le tout dans une très
|
||||||
|
bonne ambiance avec une équipe soignante très accueillante et au top. Rah, je
|
||||||
|
peux pas m'empêcher de faire un petit coucou à tous mes voisins et voisines de
|
||||||
|
table et aux voisins de chambre avec qui j'ai bien discuté et bien rigolé.
|
||||||
|
L'activité favorite à table étant la critique culinaire de la qualité des repas
|
||||||
|
qui, il faut l'avouer, étaient parfois proche de la blague (haricots verts,
|
||||||
|
friands au fromage, toi-même tu sais). J'espère que vous allez toutes et tous
|
||||||
|
très bien et je vous souhaite une bonne fin de séjour et un bon rétablissement !
|
||||||
|
Ciao !
|
||||||
|
|
||||||
|
[^1]: Note du relecteur : "J'ai la photo"
|
||||||
|
[^2]: Note du relecteur : La blague était : "J'espère qu'ils sont frais !"
|
||||||
|
[^3]: Note du relecteur : Et sauter dans une piscine d'eau minérale et boire, boire, boire).
|
Loading…
Reference in a new issue